Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Autobiographie; identité, réflexivité. Elucidation de soi

            L’autobiographie peut aussi se définir comme un récit rétrospectif, en prose, qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier de sa personnalité. A défaut de ces derniers critères, il ne s’agirait que d’un simple énoncé de dates et faits, peut-être sincères et véridiques, mais quelque peu doucereux.

            En fond de cette définition, on voit poindre l’identité du narrateur, de l’auteur. En effet, la démarche comme le récit autobiographique lui-même, révèlent presque toujours une quête identitaire. C’est ce qui exige du biographié un travail incluant beaucoup d’implications.

            Construire son autobiographie est un acte procurant beaucoup de plaisir, souvent instructif sur soi-même, mais en aucun cas un acte anodin car il s’agit de faire entrer son passé dans son présent et l’exercice n’est pas toujours aisé. Il va au-delà de la simple re-contextualisation des enchaînements évènementiels d’une vie ou d’un moment de vie. Le narrateur doit analyser l’évènement, la réaction qu’il a eue à l’époque puis, exprimer ce qu’il en a pensé et ce qu’il en pense ici et maintenant. J’ai pu constater que ce travail d’analyse et d’explication se fait, après une ou deux questions, quasi automatiquement, comme un réflexe incité par la situation.

            Le rôle du biographe consiste, en premier lieu, à écouter attentivement le biographié, le questionner aussi, puis transcrire fidèlement la narration et structurer le texte en lui donnant corps et vie. Ces questions ont aussi pour vocation de fournir au biographe les clés permettant cette écriture au présent à partir d’un matériau passé. Il ne s’agit donc pas d’une simple causerie au coin du feu, même si l’ambiance feutrée qui y flotte, et doit y flotter, peut s’y apparenter.

            Cette phase d’expression orale du biographié, véritable travail de réflexivité, aura pour lui, la même exigence de construction du récit et d’analyse des évènements qu’il a traversés. Elle sera de la même teneur que s’il écrivait lui-même. Ainsi, étant dégagé des contraintes de l’écriture, prises en charge par le biographe, il peut se livrer librement à ce retour sur une histoire déjà vécue comme une anamnèse, au travail d’historicité et de réflexivité.

            Il ressort que dans la démarche autobiographique, identité et réflexivité sont intimement liées.

            La quête de soi exige du biographié qu’il se livre à une réflexion constante. Le biographe, quant à lui, fera que par sa transcription de l’audition, son écriture alimente ce travail réflexif.

            Dans un processus pertinent, le biographe doit s’imprégner du récit du narrateur, l’analyser, relever les points à préciser, concourir à l’élucidation des hésitations. Ainsi, il doit faire en sorte qu’à la lecture du récit, le biographié ressente cette écriture comme la sienne et la force révélatrice de son travail.

            Par la réflexivité, le biographié a construit sa pensée et produit son image de soi. C’est en fait un acte de langage consistant à se prendre pour objet de connaissance. L’identité, quant à elle, est issue de la logique fonctionnelle de la construction de soi, des lignes de vie qui font sens.

            Réflexivité et identité sont bien constitutives de la démarche autobiographique. C’est par leur action conjuguée que le biographié obtient ce ressenti, à chaque fois constaté, d’accomplissement heureux, abouti, concrétisé par l’ouvrage édité, qu’il contienne une narration de vie douloureuse ou de vie sans heurts et sécurisée. Il semble toujours que ce travail lui a permis de surmonter et maîtriser ses interrogations. Une sorte d’élucidation de soi, peut-être une nouvelle reliance.

            L’autobiographie n’est pas une auto-analyse, mais, force est de constater qu’en présence de récits d’épisodes tristes, parfois très douloureux ou de la relation d’une vie professionnelle et sentimentale totalement réussie, elle procure de grandes satisfactions au biographié dans le rapport à soi comme aux autres.

            Par le travail de réflexion qu’elle implique, la démarche autobiographique restitue une valeur ajoutée intellectuelle parfois inattendue, d’où l’attention qu’il faut lui porter.

            Gérard Viale,

            Biographe.

 

       

 



27/10/2017
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