Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Désert politique ou désert intellectuel?

Les élections européennes de 2014 ont donné, ouvertement, le coup d'envoi du compte à rebours du déclin des partis traditionnels et de la défiance à l'égards des élites politiques. Seuls, le rassemblement national et LREM, dernier venu en 2017, ont tiré leur épingle du jeu.

Les scrutins suivants: municipal, présidentiel, législatif, ont confirmé les désastres électoraux et revers politiques. L'ampleur de ces échecs n'a d'égale que l'ampleur de la tâche de reconstruction.

Mais là, il ne s'agit plus de reconstruire un parti comme cela a pu se produire dans le passé, où tel ou tel autre parti traversait une période de difficultés organisationnelles ou se trouvait en panne d'idées.

Là, il s'agit de reconstruire la pensée et la réflexion, et cela concerne tous les partis de gauche comme de droite, qui ont exercé le pouvoir à un moment ou un autre et qui ont subi les punitions électorales.

Pour ce qui concerne le Rassemblement National, il semble avoir échappé à la sanction et ne pas avoir subi de revers, mais il faut relativiser ses conquêtes car, étant parti de zéro, il ne pouvait que progresser. Attendons donc les résultats de la gestion des mairies qu'ils ont gagnées pour avancer une appréciation plus précise.

Quant à leur programme, du moins, celui rendu public, il est fondé sur la démagogie. Le Rassemblement National n'est pas un parti "classique" ayant pour objectif de convaincre des électeurs par un projet politique structuré autour d'une philosophie politique et de la cohérence. En effet, le programme comme les discours du Rassemblement National sont à géométrie variable et varient selon l'auditoire auquel ils s'adressent: gauchisant si nécessaire, sécuritaire et identitaire pour satisfaire un autre public. Cela s'appelle "ratisser large". Il veut donc arriver au pouvoir, à tout prix, même sans convictions claires, au moyen d'un discours adaptable aux circonstances mais au risque, en cas de victoire, de provoquer de cruelles déceptions et d'amers déboires, d'où le risque non négligeable d'instituer un régime autoritaire pour maintenir un ordre public en cas de révoltes des déçus.

La droite, UMP de l'époque, et UDI, étaient les gagnants du scrutin , sans pour autant constituer une "vague bleue". Déjà, il n'y avait plus de leader affirmé, ni programme digne de ce nom.

La gauche, elle, avait déjà commencé son errance.

La présidentielle de 2017 et les législatives qui ont suivi ont confirmé, sans appel, le phénomène de "dégagisme" voulu par les électeurs, concrétisant ainsi fermement le mouvement de défiance à l'égard des partis politiques et des élites politiques.

La situation est donc généralisée et le paysage politique s'en est trouvé en état de décomposition.

Quels sont donc les maux dont souffrent les partis politiques?

Un exemple parmi tant d'autres et valable de tous bords, mais caractéristique quand-même, est le discours de politique générale de Manuel Valls. Les députés de droite se sont comportés comme des collégiens mal élevés. Une des causes devait se trouver du côté de la buvette où leur séjour a du être trop prolongé. Cela correspond tout à fait à des comportements de personnes rongées par leurs privilèges, qui ont perdu le sens des réalités comme celui de l'intérêt général.

Il faut noter, au passage, que ce sont les mêmes qui crient au scandale devant les comportements de la jeunesse en pertes de repères et de règles.

Manifestement, bon nombre de nos députés, de tous horizons politiques, n'ont pas le niveau. Le goût du travail et de la réflexion s'est effondré face aux attraits de leurs prébendes.

Il ont eu peur et le temps leur a donné raison. le vent de "dégagisme" de 2017 a eu raison d'eux, du moins pour une grande partie.

La relève n'est pas forcément mieux, mais pour d'autres raisons liées au manque d'expérience. Il faut donc leur laisser un peu de temps.

L'état de délabrement du monde politique a fait le lit des populismes de gauche comme de droite, favorisés par une absence de culture politique et générale, laquelle a conforté naïveté et perméabilité à des injonctions que nombre de concitoyens sont heureux d'entendre et de s'en contenter sans réfléchir.

Ce n'est pas la seule conséquence car il ont mis en évidence des maux plus profonds affectant la quasi totalité du monde politique:

     — Manque de vision à long terme,

     — Méthode de gouvernance à l'emporte pièce par incompétence et manque de              maitrise des situations,

     — Refus d'affronter les réalités,

     — L'impossibilité de réformer les institutions du fait de la préservation des                    prébendes et des situations personnelles,

     — Absence de réflexion de fond.

Il n'y a plus de penseurs de droite comme de gauche.

Faire des partis politiques, comme ils l'ont fait depuis au moins 30 ans, simplement des instruments de réaction à des situations ponctuelles, sans proposition ni travail de fond, a favorisé les discours démagogiques qui navaient pour but que de faire croire à la population qu'ils étaient animés de la volonté d'agir.

De même, pour masquer leur incompétence et leur faiblesse, ils cachaient leurs échecs ou impuissances derrière les éternels responsables que sont: la "finance" ou l'Union Européenne.

C'est aussi le manque de réflexion et de travail, ajouté à l'absence de réalisme qui ont révélé au grand jour l'incapacité des politiques à mobiliser les populations pour construire un avenir, une place, dans le processus de mondialisation globalisée, en nous faisant croire que nous étions sensés pouvoir refuser, au lieu de chercher à y construire la place de la France en tenant compte de ses spécificités, de manière à conforter notre position dans le concert mondial au lieu de miser sur la passivité.

Seulement, il fallait se remettre en cause et s'affranchir des vieux dogmes.

Nous sommes maintenant confrontés à un paysage politique déserté par la pensée.

 Les pseudo travaux actuellement menés par les survivants du "dégagisme" dans les ruines de leur parti politique sont, et c'est à craindre, probablement voués à l'échec, car ils sont menés dans le cadre des mauvaises habitudes d'antan.

C'est une révolution intellectuelle qu'il faut mener, avec un véritable travail de fond.

Refondre une philosophie politique débouchant sur un projet mobilisateur, novateur, réaliste et ambitieux, alliant justice sociale, performance économique et, bien sûr, tenant compte des mutations écologiques et climatiques.

Réintellectualiser la politique est un beau projet, mais il faut commencer par réintellectualiser le personnel politique. C'est ce qui sera compliqué.

Il est donc impérieux que les intellectuels sortent de leur mutisme. Qu'ils rejoignent les quelques parlementaires encore pourvus de leur goût de la réflexion et de l'intérêt général.

Cette refondation de la pensée avec les intellectuels doit exclure ceux transformés en "pseudo experts" qui squattent les plateaux de télévision. De même que les députés qui participeront à cette réflexion devront convaincre leurs "collègues" d'abandonner le rôle de "godillots" que l'exécutif leur impose.

Il faut en profiter pour réfléchir à réinstaurer la démocratie parlementaire et les vrais pouvoirs qui vont avec, allant, peut-être, jusqu'à supprimer le système présidentiel qui éloigne le Peuple du pouvoir et de sa représentation, et ne plus brandir l'éternelle menace des travers de la IVème République qui sont très faciles à éviter.

Les élus ont perverti la démocratie par les prébendes qu'ils se sont attribuées, qu'ils les considèrent comme acquises ad vitam, que ceci les a coupés des réalités, leursprivilèges les ayant déconnectés de la société.

Les électeurs ne sont pas innocents non plus, car ils les ont confortés dans ce sentiment d'intouchabilité en les réélisant même quand ils ont été condamnés ou mis en examen.

Il faut donc que les intellectuels réoccupent l'espace qui leur a été confisqué ou qu'ils ont déserté.

Le silence doit être rompu et la réflexion ouverte. Ce sont toujours les intellectuels qui ont changé les sociétés et non les politiques qui n'ont fait que légiférer sur des idées émanant des intellectuels. 

Il est grand temps de s'y mettre.

 

Gétrard Viale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



10/09/2019
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