Gerard Viale Auteur

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La quotidienne de Laurent Joffrin

La quotidienne de Laurent Joffrin

 

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

Trois hirondelles pour la liberté

 

Les démocraties vont mal, motif d’angoisse. Mais les dictatures vont-elles si bien ? Ou, plus exactement, les régimes semi-autoritaires qui s’imposent ou perdurent un peu partout dans le monde. Trois fragiles hirondelles ont pris leur envol récemment. Elles ne font pas le printemps de la liberté ; elles montrent que la vie des autocrates qui concurrencent nos vieux régimes fatigués n’est pas non plus toute rose.

En Algérie, Abdelaziz Bouteflika, jusqu’ici accroché comme une momie à son fauteuil de grabataire présidentiel, vient d’en être chassé par une insurrection populaire et pacifique, qui a vu l’armée céder à la rue pour garder l’essentiel. Rien n’est joué. La coalition opaque des militaires et des prévaricateurs du FLN fera tout pour rester en place. Mais elle a dû baisser pour la première fois la garde et débarquer l’un des siens pour sauver les autres. Résultat fragile mais résultat tout de même. L’avenir s’entrouvre pour l’Algérie.

En Turquie, Recep Tayyip Erdogan, qu’on pensait inexpugnable, vient d’essuyer une série de cinglants échecs dans les dernières élections municipales, perdant même la ville qui l’avait promu au premier rang, Istanbul, rampe de lancement de son ascension. Rien n’est joué. L’opposition est réprimée, divisée, disparate ; la religiosité turque est une garantie pour le parti du président ; la peur du désordre peut encore donner un long bail au sultan turc. Mais le peuple s’est dépris de sa fascination pour l’islamiste impérieux. L’avenir s’entrouvre pour la Turquie.

Au Venezuela, Nicolás Maduro résiste encore, jusqu’au dernier Vénézuélien qui restera dans un pays ruiné et affamé, où les révolutionnaires, faute de réaliser le grand soir, ont produit la grande nuit des pannes d’électricité géantes. Rien n’est joué. Appuyé lui aussi sur l’armée, qui hésite à le lâcher, le terne successeur de Chavez s’accroche au pouvoir à coups de mesures tyranniques, mais le jeune président de l’Assemblée continue son combat, malheureusement entaché par l’éléphantesque soutien de Donald Trump. L’avenir s’entrouvre au Venezuela.

Ainsi la démocratie qu’on dénigre quand on en bénéficie continue de faire rêver ceux qui en sont privés. Elle est comme l’air des villes. On se plaint qu’elle est polluée. Mais si cet air vient à manquer, on étouffe.

 

LAURENT JOFFRIN

 

 

 



04/04/2019
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