Gerard Viale Auteur

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La quotidienne de Laurent Joffrin

Pas convaincu, Laurent Joffrin !

Comment le serait-on?

GV

 

 

Emmanuel Macron : un virage en ligne droite

 

Rien ne sera plus comme avant, avait dit le Président. Pour l’essentiel, si. Tournant?? Relance?? Nouveau chapitre?? Non. Le cap est maintenu, l’objectif initial réaffirmé?: une libéralisation de la société et de l’économie, accompagnée de mesures sociales ponctuelles utiles, mais aussitôt contrebalancées par cette volonté de faire travailler plus les Français, de réduire les dépenses publiques, de maintenir la suppression de l’ISF ou de rétablir les frontières. La posture centriste, ni droite ni gauche, adoptée pendant la campagne présidentielle, est une nouvelle fois récusée. Une droite sociale, en fait, où le mot droite apparaît, sans qu’on le reconnaisse pour autant, en majuscules. Un Juppé sans calvitie ou un Raffarin maigre, au choix. Et sur le fond, une sorte de virage en ligne droite.

Le Président se justifie en arguant de premiers résultats. Déclaration audacieuse?: depuis qu’il est là, l’activité a ralenti, ainsi que le rythme des créations d’emploi, diminué de moitié en 2018 par rapport à 2017, ce qui rend plus ténue l’inversion de la courbe du chômage obtenue –?un peu tard?– par son prédécesseur. Comme disent les communicants, qui savent enrichir la langue française, le Président cherchait un effet «waouh», onomatopée anglo-saxonne qui exprime la surprise admirative. Pas sûr que les Français l’aient ressenti. Encore moins les gilets jaunes qui usent d’onomatopées en général moins bobo et attendaient évidemment beaucoup plus. On est certain, en revanche, de l’effet «ouah, ouah», qu’exprimera l’opposition par ses aboiements attendus –?et souvent justifiés, tout autant que de l’effet «oui, oui» que les responsables de la République en marche reprendront en chœur dans la profondeur de leur être marchant.

Macron évitera toutefois l’effet «ouaf, ouaf», qui consisterait à tourner en ridicule les annonces présidentielles, jugées insignifiantes ou dérisoires. Elles ne le sont pas. Dédoublement des classes étendu, pensions pour mères seules mieux assurées, gel des fermetures d’écoles ou d’hôpitaux, retour du service public grâce à la création d’une maison «France service» à l’échelle cantonale, annonce d’un futur statut pour les «aidants», ces personnes qui dédient une bonne partie de leur temps à l’accompagnement des anciens ou des personnes handicapées?: rien de tout cela n’est à dédaigner. De même les amendements à cette République impérieuse, quelque peu monarchique?: RIP facilité, proportionnelle partielle, création d’un conseil citoyen tiré au sort, prudentes réformes qui ne créent en rien une VIe République, mais qui font mieux respirer la Ve.

Pour le reste, la philosophie est la même. Moins d’Etat, moins d’impôt, l’accent mis sur la seule égalité des chances, qui consiste à renouveler autant que possible les premiers de cordée, sans changer beaucoup le sort de ceux qui, de toute manière, suivront. Une conception fondée sur l’initiative individuelle, l’effort personnel –?donner le meilleur de soi-même?– plus que sur la solidarité et la lutte contre l’injustice. Comme le montre cette injonction à travailler plus, dont les modalités restent encore floues. Le tout fondé sur une comparaison contestable?: les Allemands ou les Néerlandais, pourtant prospères, travaillent encore moins que les Français. Avec en prime quelques signaux à la droite?: le retour des frontières, une fermeté en matière migratoire, un éloge de la famille, etc. Face à une gauche en miettes, Emmanuel Macron veut d’abord éviter le retour du parti LR, que certains sondages commencent à dessiner. On explique, on argumente, on fait quelques mea culpa. Mais on ne perd pas de vue ses préoccupations électorales.

 

LAURENT JOFFRIN

 

 



26/04/2019
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