Gerard Viale Auteur

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La quotidienne de Laurent Joffrin

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

Vincent Lambert et les fanatiques

 

Paroles des avocats des parents de Vincent Lambert, à l’annonce de la décision de la cour d’appel prescrivant la reprise des traitements, le tout dans une ambiance de fin de match : «On a gagné !», «c’est la remontada !». Déclaration de la mère de Vincent Lambert, avant ce nouveau délai, quand la fin des traitements a été annoncée : «C’est un crime, ce sont des nazis !» Laquelle a filmé une vidéo de son fils pour mettre le voyeurisme de son côté et exigé la «radiation» du médecin dont le «crime» a consisté à appliquer la loi. On voit de quel côté se situent la délicatesse, la décence, le sens de l’intimité et, pour tout dire, la charité chrétienne, dans cette affaire à tous égards tragique.

La vérité, c’est que les autorités médicales et judiciaires, jusqu’à la décision de la cour d’appel incluse, ont scrupuleusement respecté la lettre et l’esprit de la loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie médicalisée, votée à la quasi-unanimité par l’Assemblée nationale (une assemblée de «nazis»,sans doute…) et appliquée depuis dans des centaines de cas similaires. L’indécence est d’ailleurs contagieuse : plusieurs leaders de la droite ont pris le parti extrême des parents Lambert, en contradiction totale avec le texte qu’ils ont eux-mêmes voté.

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Cette loi est claire, en effet : si la volonté du patient va dans ce sens et si famille et médecins sont d’accord, il est à la fois légal et humain de ne pas se livrer à un acharnement «déraisonnable» en faveur de personnes réduites l’état végétatif sans espoir d’amélioration. Il n’y a aucun «crime»,aucune «illégalité», et encore moins de «nazis» ou de «remontada». L’usage de ce vocabulaire outrancier, agressif et vulgaire confirme ce qu’on sait depuis le début : les parents Lambert, membre d’une secte illuminée d’intégristes catholiques, la Fraternité Saint Pie X, avec laquelle Vincent Lambert avait rompu brutalement, ont instrumentalisé la souffrance de leur fils dans le but d’imposer leurs principes obscurantistes et de porter haut les dogmes dont ils sont les croisés enfiévrés.

La volonté de Vincent Lambert ? Son épouse Rachel, qui vit depuis dix ans un double calvaire, personnel et médiatique, en est l’interprète légitime : Vincent, dit-elle – sans que les beaux-parents puissent la contredire sur ce point – ne souhaitait en rien qu’un jour, en cas de malheur, on fasse preuve d’acharnement à son endroit. C’est l’obstination de sa mère et celle de son père, longtemps militant de l’association Laissez-les vivre, qui a bloqué le processus légal. Cette obstination aboutit maintenant à clouer au pilori le docteur Sanchez, honnête médecin qui s’est contenté d’agir dans les règles.

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La décision de la cour d’appel, surprenante, prolonge cette situation absurde. Ainsi le chemin de croix de son épouse et de ses proches pourra continuer pendant des mois, sous l’œil impudique des caméras, au milieu des cris discordants de zélotes fanatisés.

LAURENT JOFFRIN

 

 



22/05/2019
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