Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Les Français & l'entreprise

         L’entreprise, organisation parfois conceptuelle, objet de beaucoup d’idées préconçues et diversement appréciée, mais très souvent mal connue des Français. Très fréquemment, au fil des images courantes dans le grand public, l’entreprise est banalisée.

         En effet, on entend couramment : « lieu où le capital exploite le travail », « lieu où l’on produit du profit », « le patrimoine des actionnaires », « le théâtre du conflit social », « l’endroit où l’on fait carrière ». Chacune de ces formules évoque un aspect de l’entreprise sans viser exactement les fonctions qu’elle exerce dans la société. Peut-être cette difficulté à établir la représentation de l’entreprise dans les esprits est-elle due à la multiplicité de ses fonctions, mais aussi cela tient-il à l’histoire et à la culture française.

         L’entreprise peut être appréhendée comme un outil économique, un outil de formation, un lieu d’échanges, d’épanouissement, de bonheur, comme de luttes et de souffrances. En France donc, l’entreprise est mal connue et mal perçue du fait essentiellement du manque de culture et de formation à son égard. L’organisation sociale et l’absence de dialogue social contractuel contribuent fortement à cette méconnaissance, de sa place et de son rôle dans l’organisation sociétale.

         Ceux qui voient dans l’entreprise un lieu d’exploitation de la force de travail, ce qui est assez souvent le cas, estiment que lui accorder une influence sur la formation des adolescents équivaut à préparer ceux-ci à la servilité. Les torts, on le voit, quant à cet état de fait, sont souvent partagés avec le patronat, ce dernier, en France, ayant encore souvent une culture retardataire et figée sur un capitalisme suranné et archaïque.

         Par contre, ceux qui voient dans l’entreprise le lieu de l’action organisée, penseront que former les adolescents à l’entreprise n’est que les préparer à l’action. C’est le cas, notamment, en Allemagne, modèle à la mode en ce moment, où les syndicats sont puissants et occupent une place importante dans l’entreprise et sont intéressés à son fonctionnement, puisqu’ils siègent au Conseil d’Administration avec droit de vote. Leur image et leur vision de l’entreprise sont fatalement différentes de celles des Français. Ils la considèrent un peu comme leur bien et que Direction et Personnels sont dans la même synergie et concourent à la bonne gestion et la réussite de l’entreprise dans un objectif commun, mais chacun restant néanmoins dans sa catégorie sociale, mais avec des intérêts convergents. Cela permet aussi de travailler sur le long terme contrairement aux entreprises Françaises qui travaillent à court terme pour les dividendes des actionnaires.

         Compte tenu de la pluralité de fonctions de l’entreprise, de la multitude de paramètres qui la composent (humains, matériels, argent, vie commune, compétition,…) il est difficile d’en donner une définition précise et unique.

         Dans un cadre plus matérialiste, on pourrait dire :

« L’entreprise est le lieu où le travail des êtres humains s’organise afin d’agir sur la nature (ressources physiques, sociales, humaines) pour en obtenir des résultats utiles. »

         Il s’agit donc de produire des biens et services utiles aux consommateurs ou pour la fonction d’autres entreprises. Bien sûr, ceci s’applique aussi bien aux entreprises privées qu’aux Administrations. Par contre, en plus synthétique et qui pourrait considérer tous les aspects de l’entreprise, on pourrait avancer :

« L’entreprise, c’est le lieu de la gestion des compétences, impliquant en cela le respect envers l’être humain. »

         L’entreprise évolue dans un contexte politique et économique. Le libéralisme politique, philosophie issue des « Lumières ». C’est J.J Rousseau et Montesquieu, qui ont développé cette théorie conflictuelle avec la conservation et les conservateurs. Théorie véritablement de gauche, avec la volonté de fonder une société basée sur la raison et non sujette à l’arbitraire.

         Cette construction intellectuelle considère que l’Homme est bon par nature et, de ce fait, nous créons une société de confiance et d’entraide, déjà en divergence, à l’époque, avec le libéralisme anglo-saxon qui considère l’Homme comme mauvais.

         Par contre, il n’en est pas de même pour le libéralisme économique qui a été créé presqu’en même temps, mais malheureusement pas par des hommes aussi raisonnables que Rousseau et Montesquieu. Pour preuve, leur raisonnement est construit sur le postulat que le comportement économique des individus se résume à un simple calcul d’optimalité des profits et est considéré comme totalement rationnel. De là, ils ont bâti des théories économiques globales basées sur un raisonnement « cartésien », selon lequel la somme des égoïsmes finira tout de même par bénéficier à l’intérêt général grâce à la fameuse « main invisible » (qui régule tout, automatiquement.) Et ils tiennent toujours le même raisonnement depuis cette date.

         Par contre, la plus grande incompatibilité qui m’empêche d’adhérer à ce libéralisme économique, indépendamment de ses considérations à l’égard de l’Homme et de l’argent, c’est qu’il exclut l’intervention de la politique dans l’économie. En effet, pour ma part, je considère, au contraire,  que la politique doit intervenir dans l’économie, ne serait-ce qu’en Etat stratège dans le sens où il organise les outils permettant aux entreprises de se développer, mais aussi en tant qu’Etat régulateur et coordinateur des synergies. Un assouplissement de cette démarche ne peut s’envisager que dans le cadre d’une réelle social-démocratie, impliquant des syndicats puissants et un patronat sensé et responsable, ce qui ne semble pas être à l’ordre du jour.

         Une des libertés fondamentales est de travailler. De plus, c’est le seul moyen que nous ayons trouvé pour construire une société qui permette aux citoyens de s’y épanouir (normalement). L’Etat est là pour protéger les citoyens. Par conséquent, l’Etat doit s’intéresser au Travail, donc à l’économie.

         De surcroît, eu égard à la place de l’entreprise dans l’économie et dans la société, c’est donc à cette société, par le truchement des « politiques » de favoriser, à défaut d’organiser les rapports de chacun des partenaires sociaux dans, et à, l’égard de la société. C’est le contrat ou pacte social.

         L’Entreprise a donc un rôle essentiel dans la société. C’est le socle de l’économie d’un pays. Elle n’est certes pas la seule origine des flux monétaires circulants, mais elle est le principal vecteur des flux financiers stables et identifiables. De fait sont exclus les flux financiers spéculatifs. L’entreprise est donc la trame du tissu économique. PME/PMI/TPE, ainsi qu’artisanat et commerce sont l’essentiel de ce tissu. Les entreprises du CAC40 constituant une particularité économique.

         En effet, ces grands groupes industriels ne sont pas des entreprises comme les autres et ne sont pas concernées par cet exposé. La plupart du temps, elles échappent aux Lois et au Trésor Public de notre pays et très souvent, n’hésitent pas à délocaliser siège social ou filiales sans vergogne, au mépris des salariés, en bafouant le contrat social qui fait partie intégrante de notre démocratie, alors que toutes, sans exception, doivent leur position à l’international à des aides, subventions, participations financières, toutes d’Etat, selon les époques où cela s’est opéré, depuis les années 1960. La reconnaissance, la participation à l’économie nationale et le pacte social ne sont pas dans leurs gènes, et l’Etat est responsable de cette situation.

         Sous certains aspects, on peut même les considérer en dehors de l’économie nationale. D’ailleurs, en cette période de crise grave, leurs résultats sont brillants, ce qui tend à démontrer une certaine déconnexion d’avec notre économie.

         D’ailleurs, l’histoire a confirmé leur position quelque peu hors des circuits économiques et financiers habituels ainsi que des principes moraux élémentaires. Un passé encore contemporain a montré que le « grand capital » n’avait pas assimilé les notions patriotiques et d’honneur, en privilégiant le mépris et l’appât du gain, alors que la mondialisation n’était pas encore présente. Ce n’est pas sans raison qu’à la fin de la 2ème Guerre mondiale, les banques, Renault, les industries minières (ancêtre de l’UIMM actuelle et premier cotisant du Medef) ont été nationalisés en représailles à leur collaboration avec l’occupant. Quelques autres entreprises sont passées au travers des mailles du filet, dans un souci d’apaisement…

         Le tissu économique vivant se situe donc dans les entreprises incluses dans un cercle allant, des entreprises industrielles aux PME/PMI/TPE/Commerce/ Artisanat.

         L’entreprise a également un rôle social considérable. Elle contribue au tissu social par les échanges qui s’y produisent à tous niveaux en interne et ceux qu’elle génère en externe.

         Il n’est pas question pour nous d’envisager une économie dirigée qui s’avère toujours un échec, car brisant le dynamisme, les énergies et la créativité.

         Le projet politique ne consiste pas à aménager, encadrer ou même brider le capitalisme financier; il faut le combattre. Il faut donc l’éradiquer ou l’obliger à « jouer en vase clos » et sans engager d’autre finance que la sienne. Le combat consiste à réguler l’économie de marché ; une régulation consistant, notamment, à protéger les entreprises (PME/PMI/TPE innovantes), le commerce, et l’artisanat, en tant qu’acteurs d’une économie en lien avec les territoires, face aux grands groupes qui délocalisent.

 

         Gérard Viale.

      

 



05/10/2017
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