Gerard Viale Auteur

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Quand Berger et Hulot font le boulot des partis politiques

Laurent Joffrin se félicite de l'initiative de Laurent Berger, Nicolas Hulot et divers autres syndicats et associations qui ont produit une contribution de qualité et qui npus propose un projet de société qui tient compte des impératifs d'aujourd'hui et des nécessités de demain.

 

Gérard VIALE.

 

 

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

Hulot et Berger donnent l'exemple

 

Contrairement à ce qu’on lit partout, ou presque, la lettre de Macron sur l’Europe n’est pas si mal. Une foi réaffirmée dans l’Union et, surtout, une batterie de propositions concrètes. Les réactions jusqu’ici enregistrées sont strictement pavloviennes : prosternation pieuse à LREM, dédain ou éructations ailleurs. Dans l’opposition, les uns parlent d’incantations, les autres d’un manque d’ambition ou d’audace. Théâtre prévisible. Si Macron agite de grandes idées, on dit qu’il est creux; s’il fait des propositions, on le taxe de trivialité. Si ses propositions sont nouvelles, on pointe son isolement ; s’il reprend des mesures déjà envisagées en Europe, on l’accuse de copier. S’il prend de la hauteur, on lui reproche de donner des leçons à tout le monde. S’il n’en prend pas, on clame sa déception. A ce jeu, il ne peut pas gagner. Mais tout le monde perd : c’est le niveau général du débat politique qui s’abaisse, et se retrouve au niveau des slogans des démagogues.

En fait les idées de défense européenne mieux coordonnée, liée au désengagement américain, d’action commune contre les Gafa, d’agence de protection de la démocratie pour lutter contre les rumeurs et les entreprises de déstabilisation, de «bouclier social», de création d’une «banque européenne du climat», et quelques autres, mériteraient chacune un débat sérieux, quitte à les réfuter ou à les amender. C’est en tout cas la seule voie possible pour réconcilier les peuples avec l’Union : démontrer qu’elle peut agir concrètement dans leur intérêt, et que cette action commune les met en meilleure position pour affronter – pacifiquement – les géants du siècle nouveau que sont les Etats-Unis, la Chine ou la Russie. On peut aussi contester la «remise à plat de Schengen» proposée par le Président, antienne de la droite, qui présage d’une Europe plus fermée qu’aujourd’hui – il y a de la triangulation dans l’air - ou bien souhaiter une harmonisation sociale bien plus audacieuse. C’est ce que devrait faire, en tout cas, une gauche décidée à se remettre en selle. Au lieu de cela, nous entendons les réactions mécaniques de partis devenus particules très élémentaires, qui parlent comme les Dupont d’Hergé, commençant leur phrase par «Et je dirai même plus…» pour dire la même chose.

Certes, ces formations ont des programmes, des projets, qui vont plus loin que les simples réactions à chaud à une lettre présidentielle. Mais comment ne pas faire la comparaison avec le texte que publient le même jour Nicolas Hulot et Laurent Berger, soutenus par une tripotée d’associations et de syndicats ? Ces 66 propositions, explicitées dans le Monde par les deux premiers signataires, sont fondées sur l’urgence climatique et se situent, non dans un cadre électoral, mais dans celui du «grand débat» lancé par Emmanuel Macron pour sortir de la crise des «gilets jaunes». D’un réformisme assumé, elles dessinent aussi un «projet de société» égalitaire et écologique. Par un hasard de calendrier, elles offrent une réponse censée, argumentée, précisée, à la lettre macronienne.

Hulot et Berger ne sont pas d’accord sur tout, l’un est électron libre starisé, l’autre leader du premier syndicat de France. Les organisations qui les soutiennent sont diverses, dans les orientations comme dans les champs d’activité. Pourtant, ils ont réussi à se mettre d’accord au prix de discussions approfondies et de concessions mutuelles. Ils annoncent même que leur coopération se poursuivra à l’avenir, comme une plateforme alternative à la gauche trop divisée. Tout le contraire de la course de très petits chevaux que vont se livrer les partis progressistes au cours de l’élection européenne. Tous ceux-là forment – ou devraient former –  une «gauche du réel» dont un électorat ramené à l’état gazeux aurait bien besoin pour trouver un début de débouché politique. Mais cette gauche du réel, de toute évidence, est totalement dénuée de réalisme politique.

 

LAURENT JOFFRIN

 

 



06/03/2019
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