Gerard Viale Auteur

AVEL DU 13/02/2019 - TAXE CARBONE ET POUVOIR D'ACHAT

Il va bien falloir remettre à l'ordre du jour la fameuse taxe carbone et réfléchir à une mise en oeuvre efficace et une gestion équitable, de manière à la faire accepter, sinon par tous, par le plus grand nombre et sans altérer la redistribution, donc le pouvoir d'achat.

La période que nous vivons est très tendue du fait des actions menées par les Gilets Jaunes dont le mouvement a été initié en protestation contre la taxe carbone sur les carburants.

C'est le moment choisi par certains députés, suivis par quelques membres du gouvernement, pour relancer le débat.

Est-ce une bonne stratégie que de relancer cette taxe, sans propositions, alors que les tensions ne sont pas véritablement retombées et que l'atmosphère reste explosive?

Les transitions écologique, énergétique et le changement climatique sont incontournables et leurs financements sont inéluctables, mais, n'était-il pas préférable de profiter du "grand débat national" et de ses conclusions avant de remettre ce dossier sur l'établi?

D'autant que le problème est bien plus large que la seule taxe carbone. En effet, nous sommes confrontés à une fiscalité complexe, mal perçue, quelque peu dévoyée de ses grands principes fondateurs et où seuls quelques initiés s'y retrouvent.

Nous sommes un peu coincés. Remettre la taxe carbone face à la situation sociale actuelle n'est-il pas détonnant?

Comment concilier taxe carbone et pouvoir d'achat?

Une réflexion a été menée, qui peut d'ailleurs constituer une contribution au "grand débat national", par Christian Perthuis, Professeur d'économie à Paris-Dauphine, qu'il a exposée dans un article d'"Actu-Environnement" daté du 11/02/2019, dont je me fais volontiers le relais.

Après avoir mis en évidence les incohérences de notre fiscalité et les pertes de sens dues à l'usure du temps , il préconise une révolution fiscale, arguant, à juste titre, me semble-t-il, que les périodes de crise sont propices aux grandes réformes fiscales.

La réforme du cadre global de la fiscalité permettrait d'insérer le volet écologique qui fait tant défaut actuellement.

Nous sommes prisonniers du système fiscal tel qu'il est devenu. D'ailleurs, l'Etat ne peut procéder que par des "rustines" telles que le "chèque énergie" ou la "prime à la reconversion" des vieux véhicules.

Il préconise donc comme instrument redistributif: le revenu minimum d'existence.

Certes, il a été évoqué lors dela dernière campagne présidentielle, mais sans entrer dans les détails.

Là, Christian Pethuis explique sa théorie et le mécanisme qu'il préconise, rendant ainsi l'impôt plus redistributif et préservant le pouvoir d'achat, notamment des plus fragiles.

Un tel objectif passe par la relégitimation du principal impôt direct: l'impôt sur le revenu avec des mesures idoines et de bon sens.

Le processus, tel qu'il l'envisage, aurait pour effet, selon lui, de faire en sorte que la progressivité de l'impôt sur le revenu corrigerait les inégalités par le haut, et le revenu minimum d'existence, les inégalités par le bas.

Son projet implique une modification des critères de Maastricht. C'est peut-être un obstacle car les négociations européennes concernant les dérogations ou révision des Traités sont toujours pleines d'embûches.

J'avoue que, lors de la campagne présidentielle, je n'étais pas convaincu de la pertinence du revenu minimum d'existence, mais le projet tel qu'il sort de cette réflexion me contraint d'y réfléchir à nouveau.

Pour ce faire, il serait bon que nous soient fournis des éléments chiffrés et des modélisations, mais l'idée me paraît intéressante et mérite de passer outre certaines idées reçues.

Je vous livre, pour forger votre idée, le lien menant à la réflexion de Christian Perthuis:

https://www.actu-environnement.com/ae/news/taxe-carbone-pouvoir-achat-32850.php4#xtor=ES-6

Gérard Viale.

Source: Actu-Environnement