Gerard Viale Auteur

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La quotidienne de Laurent Joffrin

 

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

Jadot, président ?

 

Le paysage politique français, longtemps partagé en deux (droite et gauche), est donc divisé en trois courants, comme viennent de le confirmer les élections européennes : les nationalistes (Marine Le Pen et divers supplétifs, genre Philippot ou Dupont-Aignan) ; la droite (LR et Macron) ; la gauche au sens large (Jadot, Mélenchon, les socialistes, les communistes). Tout cela peut encore changer trois fois dans les années qui viennent, mais au-delà des péripéties, deux choses demeureront : la présidentielle restera l’élection reine ; ces trois courants sont enracinés dans la vie politique, même si leur force relative peut évoluer.

Sur le papier, chacun d’entre eux peut se voir au deuxième tour de la présidentielle, en présentant un candidat ou une candidate susceptible de dépasser les 20%. Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont toutes les chances d’y parvenir. Il en va tout autrement pour la gauche : émiettée, celle-ci verra ses candidats éliminés dès le premier tour et ses électeurs condamnés à arbitrer une nouvelle fois un duel Macron-Le Pen.

A moins que… A moins qu’un de ses sous-courants ne s’impose aux autres. C’est de toute évidence l’idée qui a germé dans le cerveau fiévreux de Yannick Jadot. Commentant le résultat du scrutin, le héraut des Verts a aussitôt appelé à d’autres succès, aux municipales, aux régionales, mais aussi pour plus tard, c’est-à-dire pour la présidentielle. L’écologie, a-t-il dit sans ambages, a vocation à assumer le pouvoir. Or le pouvoir, en France, se trouve à l’Elysée. Folle ambition ? Pas forcément. Déjà Jadot a fait un bond de 20 points dans les sondages de popularité, en tête des personnalités politiques du pays à 32% d’opinions favorables (30% pour Macron, 28% pour Marine Le Pen, 20% pour Mélenchon, les autres derrière, sondage Odoxa). L’écologie, on le sait, tend à dominer les esprits bien au-delà de l’électorat vert. Quant aux Verts eux-mêmes, ils peuvent espérer de bons résultats dans les élections locales et régionales, ce qui leur ouvrirait la porte pour 2022. Jadot, dans cette hypothèse, aura beau jeu de dire à ses concurrents de gauche : je suis devant, ralliez-vous à moi et nous gagnons, présentez-vous et nous perdons tous. Voilà qui donne des ailes…

Que feront ses partenaires ? La France insoumise voudra évidemment continuer à naviguer en solitaire. Mais à quelque 6% elle ne pèsera guère. Reste l’ancienne gauche, PS et PC. Elle peut s’effacer derrière Jadot, considérant qu’au fond elle a fait son temps, que le socialisme, ou la social-démocratie, idéologies du XXe siècle, doivent se fondre dorénavant dans l’écologie. Mais elle peut aussi considérer que son héritage peut être renouvelé, que la justice sociale reste prioritaire, même dans le cadre de la défense de la planète, que son influence, si on cumule les scores de ses différentes composantes, égale celle des Verts. Choix stratégique. On dira que ce sont spéculations prématurées, que nous sommes à trois ans de l’échéance. Certes. Mais les choix d’aujourd’hui gouverneront les résultats de demain.

LAURENT JOFFRIN

 

 



01/06/2019
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