Gerard Viale Auteur

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LREM, parti «sexy»

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

LREM, parti «sexy»

 

Un détail révélateur de la nature du «nouveau monde» que la macronie entend décidément incarner, requinquée par son résultat honorable aux européennes et par la remontée d’Emmanuel Macron. Interrogée sur la situation du mouvement à Paris et sur sa stratégie pour les prochaines municipales, Olivia Grégoire, députée LREM de la capitale, et porte-parole du groupe à l’Assemblée, déclare au «Talk» du Figaro : «L’objectif est de proposer le projet le plus sexy à Paris.» Drôle d’idée, tout de même. Les mauvaises langues remarqueront que cette députée soucieuse de séduction politique se prononce dans la foulée pour Benjamin Griveaux, l’un des six candidats à la candidature de LREM, qui est généralement taxé de froideur et d’arrogance, qui ne sont pas les qualités les plus affriolantes qu’on peut attendre d’un responsable politique.

Qu’à cela ne tienne, dit-elle, puisque Benjamin Griveaux «a envie de Paris».Critère tout aussi surprenant, quand on aurait plutôt attendu un éloge de sa compétence, de sa vision ou de sa capacité à prendre des décisions. Non, il a «envie» et doit se présenter sous des atours aussi «sexy» que possible. Voilà une élection qui s’annonce sous des auspices indiscutablement torrides.

Ainsi va la politique nouvelle : c’est l’apparence qui compte, alliée au désir. Fort heureusement, ces propos sont tenus par une femme, sans quoi ils auraient été taxés d’un sexisme très ancien monde. Le fond de l’affaire ? Les projets pour Paris ? Les mesures à prendre ? La polémique sur les voies sur berge, sur les pistes cyclables, sur le prix des logements, sur la sécurité, sur l’accueil des migrants ? Secondaires sans doute : il s’agit d’abord d’être «sexy». Parle-t-on de la mairie de Paris ou des Folies Bergère ?

La dame aborde néanmoins le fond, soyons justes. Il faut lutter «évidemment pour une ville plus écologique, dit-elle, il faut y aller plus fort avec des mesures coercitives sur la qualité de l’air». Pertinente remarque, sans doute, qui soulève néanmoins une question. Anne Hidalgo, qu’on veut déloger de son siège, s’est distinguée justement, tout au long de sa mandature, par les mesures plutôt raides qu’elle a prises pour faire reculer la circulation automobile à Paris, précisément dans le but d’améliorer, entre autres, la qualité de l’air. Lesquelles mesures ont suscité la bronca acharnée de l’opposition, qui l’accuse de dictature verte, de mépris envers les automobilistes, de passage en force dans l’affaire des voies sur berge, etc.

Olivia Grégoire propose d’aller plus vite et plus fort. Ce que demandent aussi les écologistes parisiens, qui font partie, eux, de la majorité. Venant de la droite, suggérant une alliance avec Pierre-Yves Bournazel, autre leader de la droite parisienne très critique de la «méthode Hidalgo», Olivia Grégoire projette donc de doubler la maire de Paris sur sa gauche en empruntant une sorte de coulée verte tactique, qui consiste à tenir un discours encore plus écologique qu’elle, après avoir dit le contraire pendant des années. On ne saurait lui reprocher sa conversion. Mais on ne peut s’empêcher de soupçonner une certaine forme d’opportunisme. Peu importe, au fond. Ce qui compte, c’est d’avoir «envie» et d’être «sexy».

 

LAURENT JOFFRIN

 

 



05/07/2019
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