Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Des jeunes au bord de l'illettrisme numérique

Tous s'accordent à dire que l'adolescent d'aujourd'hui est un enfant du numérique.

Il semble que tel ne soit pas le cas pour tous.

 

Une étude montre que même lorsqu'on est jeune, détenir smartphone, tablette, ordinateur fixe ou portable ne suffit pas à maitriser les outils numériques.

Ils savent parfaitement jouer, publier des statuts sur Facebook ou des stories sur Snapchat, et capables de trouver clips ou autres chansons, mais les choses se compliquent cnsidérablement quand il s'agit d'en faire un usage éducatif et ils redeviennent impuissants comme devant un livre ou un cahier.

 

Donc, rien, dans ce domaine, n'est inné pour cette jeune génération contrairement à ce qu'on dit souvent.

 

Et, bien sûr, cette situation affecte plus particulièrement les jeunes issus de milieux défavorisés.

 

Cela amène certains sociologues à différencier accès et usage.

99% des 12 à 17 ans ont aujourd'hui un ordinateur. On ne peut donc plus parler de fracture numérique au sens où nous l'entendions en 2000.

Indéniablement, de fortes inégalités demeurent quant à l'utilisation des appareils numériques. Le sociologue Fabien Granjon qualifie ces inégalités de "fracture numérique de second degré" et pense qu'elle serait le reflet d'inégalités sociales résultant d'un usage différent des mêmes outils numériques.

L'image idéalisée d'une génération "d'enfants du numérique" totalement accroc aux nouveaux écrans et maitrisant parfaitement les outils numériques, est très écornée.

 

De nombreuses enquêtes sociologiques concluent que la classe sociale façonne la compétence et l'usage en matière d'outils numériques.

Certains chiffres le confirment:

- 72% des utilisateurs d'internet en milieu ouvrier ont un objectif de divertissement,

contre:

- 36% seulement chez les cadres supérieurs.

 

L'épisode des gilets jaunes, mouvement né par le web, ne contredit pas cette appréciation, car ce mouvement s'est appuyé sur Facebook pour prospérer.

 

Il ne faut pas éluder le problème ni atténuer sa gravité. La situation est très inquiétante.

 

Le monde est de plus en plus connecté. L'exclusion numérique sera impitoyable et laissera ceux qui ne s'y adapteront pas, sur le bord du chemin. Ceux-là seront condamnés à observer, regarder et à être inexorablement inaudibles.

C'est donc toute une cohorte de jeunes gens, des milieux populaires ou ruraux, qu'on condamne à rester des "digital immigrants."

 

Le gouvernement envisage des services publics totalement dématérialisés à l'horizon 2022. "L'illectronisme", cet illettrisme du numérique, promet à ceux qui en sont frappés, une exclusion sociale pure et simple.

 

La comparaison avec l'illettrisme ne me paraît pas exagérée car il y aura: ce même sentiment de mise à l'écart, cette même honte, comme le même contournement de l'obstacle par l'intelligence ou la débrouille.

 

Combien de parents échouent à demander une bourse pour leur enfant par internet?

On les appelle les "abandonnistes", comme le dit l'étude sur les français déconnectés: Télécharger le rapport complet

 

Il faut donc mobiliser et s'occuper de ces jeunes et moins jeunes "digital immigrants" pour leur éviter la catastrophe annoncée qui pourrait bien être aussi un véritable fléau social.

 

Gérard VIALE.

 

 

 



03/03/2019
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