Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Gilets jaunes. D'où viennent-ils? Un peu d'histoire.

Je ne vais pas me faire que des copains alors que je ne porte aucun jugement de valeur, même pas une appréciation personnelle. Juste un constat qui nous permet de nous interroger sur le lien de cause à effet ou la coïncidence.

 

Un des piliers revendicatifs des Gilets Jaunes s'appuie sur le pouvoir d'achat. On peut s'étonner qu'une telle demande soit adressée à l'Etat, dans la mesure où il en est le maître directement pour les fonctionnaires et les retraités, mais concernant les salariés, l'Etat ne peut intervenir qu'à la marge sur le pouvoir d'achat puisqu'il ne peut le faire qu'en baissant les impôts et taxes, mais de peu de choses, surtout quand on veut conserver, voire même augmenter les services publics, donc accroître les dépenses publiques.

 

Bizarement, les Gilets Jaunes éludent le patronat. cela peut révéler une certaine confusion dans les esprits, attestant d'analyses un peu simples.

 

Dans le panel sociologique des Gilets Jaunes, je mettrai les retraités à part. Leur revendication est bien catégorielle.

Pour le reste, nous avions affaire à des personnes de 25 à 50 ans. C'est donc très hétérogène, mais, pour une grande majorité représentatifs de la classe moyenne inférieure. Les très pauvres et chômeurs y sont très peu nombreux.

Les participants, ont le plus souvent du travail, souvent dans la précarité, sans perspectives d'avenir et, en tous cas, beaucoup d'incertitude sur leur devenir et bien plus encore pour leurs enfants.

Ils sont artisans dans des professions non réglementées, caissières, aide soignates, employés de bureau, et pour d'autres auto-entrepreneurs, tout cela, le plus souvent dans des professions sans diplôme nécessaire. Nombreux sont ceux qui exercent des "petits boulots", peu payés et pénibles.

 

Il faut se garder de tout amalgame et de généralisations, maos globalement, il s'agit de personnes peu ou pas formés, souvent pas diplômées, dans la tranche d'âge 20-50 ans.

 

Alors, que s'est-il passé?

 

Dans les années 70, le Président Pompidou, relayé par Giscard d'Estaing, a décidé que le Banque de France ne financerait plus l'Etat français. Les besoins seront, désormais, financés par les banques, donc, au moyen d'emprunts rémunérés.

Dès lors, l'endettement de la France a commencé son histoire et nous connaissons le brillant résultat de cette épopée puisque  nous dépassons les 2000 milliards d'€, quasiment 100% de ce que nous produisons annuellement.

 

C'est à ce moment que s'est installé le néolibéralisme et que l'Etat a laissé entre les mains des banques son pouvoir économique et financier.

 

En même temps, c'était la fin des 30 glorieuses. Les salaires n'augmentaient plus au même rythme. Il fallait soutenir la consommation et la frénésie d'achats née après guerre pour maintenir les flux économiques et la production.

Banques et industriels y ont collaboré. 

Simultanément, le plein emploi s'estompait gentiment et annonçait le futur chômage de masse que nous connaissons maintenant depuis de nombreuses années.

 

Les entreprises ont freiné les salaires. Dès lors, et c'était fait pour cela, les banques ont offert à leurs clients des possibilités de crédit à la consommation et des crédits permanents de type "revolving", fortune des banques. Ce n'était pas le jeu du hasard. Bien sûr, l'endettement privé a explosé, toujours au grand  bonheur des banquiers.

 

Sociétalement, à partir des années 70, la France changeait.

1968 était passé par là.

 

Les repères à l'autorité, au travail, à l'effort et à l'argent ont changé.

L'éducation, qu'elle soit scolaire, ou sociale dispensée par les parents, se sont totalement relâchées. Le règne de l'enfant-roi s'installait.

En toute logique, le germe du "bac pour tous", si cher aux parents qui voulaient à tous prix que leur enfant ait son bac sans se préoccuper de ses aptitudes à suivre des études supérieures, au nom d'une égalité bien utile pour ne pas voir les réalités en face.

Ce même virus fut inoculé aux politiques qui ne cachaient plus l'objectif du "bac pour tous" et donc, toute une classe d'âge.

 

Faciliter les épreuves du bac pour que tous l'aient, absence de rigueur, rejet de l'autorité, de la discipline, et de la notion d'effort dans les études, privilégier la facilité et les loisirs. Tout était réuni pour une catastrophe prévisible.

 

C'est à cette époque que nous avons vu croître le nombre des "décrocheurs", puis de jeunes sans bac (malgré tous les efforts pour leur donner) entrant, ou tentant de le faire, dans la vie active, souvent après une petite formation complémentaire, puis une explosion des"bac+2" sans autre diplôme, au chômage puis tentant une incursion dans le monde du travail. Le problème qui s'est posé: comment employer de personnes, surtout jeunes, qui maîtrisent mal le français et les mathématiques et sans goût de l'effort?

 

Fatalement, les emplois occupés par ces personnes sont loin d'être valorisants et sont mal payés. Surtout, ils n'offrent aucune perspectives d'évolution.

 

En 1998, Martine Aubry, en coproduction avec Dominique Strauss-Kahn, négocient la mise en place des 35 heures "sans baisse de salaires".

Le patronat, en contrepartie, demanda et obtint la "modération des salaires". En fait, les salaires ont été quasiment bloqués depuis cette date.

Les 35 heures ont coûté une fortune à l'Etat. Cela ne fonctionnant pas, l'Etat a défiscalisé les heures supplémentaires afin de donner du pouvoir d'achat aux salariés. Coût: 4 Mds d'€. 

 

Parallèlement, le chômage de masse s'amplifiait, et le nivreau de formation ne s'améliorait pas.

 

Toute cette génération, qui a du travail pour nombre d'eux, ne distingue aucune perspective d'amélioration de leur sort. Elle se sent taillable et corvéable à merci et enfermée dans une vie qui lui semble bloquée.

 

Alors: changements de repères s'orientant vers ce qu'il faut bien appeler du laxisme, pas ou peu de formation et même "bac+2" sachant que le bac seul ne vaut rien, les 35 heures pour un Etat déjà ruiné, le néolibéralisme et le blocage des salaires, les banques qui se préoccupent plus de spéculation que de financer l'économie. 

 

Si on ajoute à cela des politiques installés dans leurs privilèges;

tout n'était-il pas réuni pour donner naissance aux gilets jaunes ou est-ce une coïncidence?

 

Gétard VIALE.

 

 



09/03/2019
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres