Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

La quotidienne de Laurent Joffrin

 

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

Trois France

 

Paysage après la bataille. Le scrutin de dimanche a changé le jeu politique en France. Sans menacer la primauté macrono-lepénienne, il a bouleversé la hiérarchie des partis de second rang, ce qui n’est pas sans conséquences pour la suite.

Paradoxalement, l’affaire s’est plutôt simplifiée. A l’extrême droite, le RN a rétabli sa position, effaçant la défaite de 2017, marginalisant ses concurrents immédiats, Philippot et Dupont-Aignan. Au total, les nationalistes réunissent près d’un tiers des électeurs en captant la colère populaire contre la mondialisation. Mais ils restent toujours aussi isolés et continuent à faire peur aux deux tiers restants.

A droite, le parti d’Emmanuel Macron a laminé celui de Laurent Wauquiez, obérant l’avenir politique du prince du «bullshit». Symbole éloquent : LREM réalise un de ses meilleurs scores dans le XVIe arrondissement de Paris. Perdant sur sa gauche mais gagnant sur sa droite, il occupe désormais la position stratégique naguère dévolue à l’UMP de Jacques Chirac, rassemblant sous son aile moderniste la bourgeoisie nouvelle, style start-up, et la bourgeoisie traditionnelle, genre collier de perles et club de golf. S’il rallie suffisamment d’élus et d’électeurs LR, Macron peut achever l’ancien parti de Nicolas Sarkozy, condamné à jouer les utilités en marge de la majorité. LREM marche à droite. LR marche à l’ombre.

A gauche, la prédominance de Jean-Luc Mélenchon touche à sa fin. Les Insoumis, soumis à un désaveu spectaculaire, paient leur agressivité et leur stratégie aussi bruyante qu’incertaine. Après avoir invoqué le grand soir tous les matins, sans effet, ils ont soutenu les gilets jaunes, sans aucune précaution. Las ! Ces gilets étaient troués et n’ont pu servir de cache-misère à un populisme de gauche qui fait désormais fuir le peuple et la gauche. Ils tombent au niveau des socialistes. C’est dire. Quant à Benoit Hamon, il termine sans gloire l’équipée frondeuse entamée sous l’ancien quinquennat. Cette fronde était un lance-pierre.

La gauche émiettée, quoique réunissant toujours un petit tiers des électeurs, est désormais dominée par les écologistes. Juste récompense d’une constance militante indiscutable et d’une vision juste des menaces qui pèsent sur la pauvre humanité. Yannick Jadot, qui a réussi son pari, annonce de nouvelles victoires. C’est possible aux municipales et aux régionales. Mais à la présidentielle, dont il a parlé discrètement mais clairement ? Pour gagner une présidentielle, il faut un présidentiable. L’est-il ? Pas sûr. Les socialistes pourraient alors rêver d’un retour inespéré, en fournissant un candidat à une gauche réunie. Mais dans le rapport des forces actuel, inutile d’y penser. Insoumis et écolos voudront se lancer. Pourquoi se rallieraient-ils à un PS réduit à la portion congrue ? Dans ce cas, il y aurait deux ou trois candidats de gauche, peut-être plus : l’assurance de la défaite.

La vie politique oppose désormais trois France, nationaliste avec le RN, libérale avec Macron, de gauche avec X, Y et/ou Z. Divisée, la troisième regardera les deux autres se disputer l’Elysée. Rééquilibrée et unie, elle pourrait jouer un rôle. On peut toujours rêver…

LAURENT JOFFRIN

 

 



28/05/2019
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