Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

La quotidienne de Laurent Joffrin

    

La lettre politique de Laurent Joffrin

 

 

Le dur avenir de la droite molle

 

Au vu de son score aux européennes, on comprend que Laurent Wauquiez avait deux problèmes. Soucieux de ne pas s’asseoir entre deux chaises, celle du conservatisme pur et dur et celle du libéralisme mollasson, il avait choisi celle de droite. Mais c’était un tabouret : adieu espoir de fauteuil élyséen. Soucieux d’affirmer sa ligne, il la défendait avec une force de conviction sans faille. Mais on le soupçonnait de ne pas y croire néanmoins, lui qui avait préalablement théorisé l’usage extensif du «bullshit» médiatique à destination d’un public de gogos ; les gogos sont partis ailleurs.

Voilà qui faisait beaucoup pour un seul homme : il a été contraint au retrait, ce qu’il a accepté avec une dignité incontestable. Il avait réussi tous les concours mais il a manqué celui de la vraie vie, plus cruelle que les jurys de grandes écoles. Ce n’est pas le tout d’avoir des diplômes. Il faut savoir ce que l’on en fait. Le voici condamné à la traversée des déserts du Massif central. C’est un lieu calme, propice au ressourcement.

Brûlant soudain ce qu’elle avait adoré par calcul, la droite jure qu’on ne l’y reprendra plus. Ses caciques veulent désormais poser leur auguste séant sur les deux chaises négligées par Wauquiez. L’ennui c’est qu’elles sont maintenant nettement plus écartées, l’une proche du RN, l’autre d’En marche. Ils risquent de s’asseoir dans le vide, position inconfortable, surtout en politique, où il faut toujours avoir un siège.

Cette situation n’est pourtant pas nouvelle dans la longue histoire de la droite. Toujours elle a été partagée entre durs et mous, conservateurs cocardiers et libéraux centristes, bonapartistes et orléanistes. Chirac, puis Sarkozy, mous et durs à la fois, avaient réussi à transcender ce dilemme, grâce à la mystique du chef. On dit que la droite doit retrouver des idées, parties les unes vers l’extrême droite, les autres vers le centre macronien. C’est surtout un homme – ou une femme – qui lui manque. Wauquiez n’a pas su endosser le costume. Qui peut le faire ? Bertrand le Nordiste ? Pécresse reine d’Ile-de-France ? Baroin, vieux bébé Chirac à la voix d’or ? Tous restent pour l’instant sur la réserve. En attendant, c’est un comité qui devrait prendre la suite et dessiner le futur projet. Mais on connaît l’aphorisme. Qu’est-ce qu’un dromadaire ? Un cheval dessiné par un comité.

LAURENT JOFFRIN

 

 



04/06/2019
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