Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

La quotidienne de Laurent Joffrin

unnamed

Ferrand ferré

Richard Ferrand, quoique mis en examen, conservera son poste au perchoir de l’Assemblée. Telle est sa volonté et, comme personne ne peut le contraindre à démissionner, il restera totalement et intégralement perché.

L’homme est présumé innocent, formule sacramentelle qui signifie en fait qu’il est soupçonné par la justice de n’être… pas totalement innocent. Mais ce sont des soupçons. L’association Anticor, dont émane la plainte, l’accuse plus ou moins de malversations. Peut-être est-ce une affaire de cornecul, peut-être a-t-il effectivement franchi la ligne jaune. La justice le dira. Mais il reste.

L’histoire, en fait, illustre la remarquable élasticité de la jurisprudence macronienne en matière d’affaires politico-financières. Les ministres Modem, Marielle de Sarnez, François Bayrou et Sylvie Goulard, également présumés innocents mais touchés par les investigations de la justice, ont démissionné comme un seul homme – ou comme une seule femme – en raison de soupçons pesant sur leur gestion des assistants parlementaires. Mais Ferrand, quoique également ferré par la justice, reste.

François de Rugy, mis en examen par Mediapart, sans cette fois que la justice soit saisie, ni qu’on ait pu démontrer qu’il avait commis des actions illégales, a démissionné. Mais Ferrand reste.

En d’autres temps, Bernard Tapie, Dominique Strauss-Kahn, Thomas Thévenoud (le ministre saisi de phobie administrative) et quelques autres, ont démissionné. Mais Ferrand reste.

Aquilino Morelle, coupable d’addiction aux chaussures bien cirées, étranger à toute affaire judiciaire, a été écarté dans l’heure. Mais Ferrand reste.

Pour justifier cette persistance dans l’être, on invoque la séparation des pouvoirs, la minceur des charges, et, bien sûr, le mantra de la présomption d’innocence, qu’on avait pourtant négligé dans les autres affaires. Comme Ferrand lui-même, d’ailleurs, puisqu’il n’avait pas été le dernier à fustiger – à juste titre – l’acharnement de François Fillon à maintenir sa candidature malgré une mise en examen retentissante. Mais lui reste.

Peut-être la clé de ce mystère réside-t-elle dans la communication de l’Elysée. La présidence a en effet indiqué que Richard Ferrand «gardait toute la confiance du président de la République». Voilà qui résout la question. Quoiqu’en dise la justice, si Macron le souhaite, Ferrand reste.

LAURENT JOFFRIN


13/09/2019
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres