Gerard Viale Auteur

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La quotidienne de Laurent Joffrin

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Brexit : un jour sans fin

Trois ans pour revenir au point de départ… Butant sur l’épineux problème de la frontière entre les deux Irlandes – son retour signifierait sans doute le retour des violences –, l’Union européenne avait proposé à Theresa May de déplacer la ligne de démarcation douanière… dans la mer. Une bonne manière de noyer le poisson. La Première ministre avait récusé cette perspective avec des hauts cris, comme Boris Johnson à l’époque. Elle signifie que l’Irlande du Nord se sépare symboliquement du Royaume Uni en matière douanière, ce que les unionistes de l’Ulster, comme leur nom l’indique, peuvent difficilement admettre. Theresa May craignait de perdre sa majorité à la Chambre des communes : elle écoutait les dix députés unionistes du DUP dont elle dépendait. Johnson a perdu sa majorité : il est moins embarrassé. Quitte à défendre la position inverse de celle qu’il avait prise. Bojo le clown n’est plus à ça près.

Ainsi la frontière avec l’Union est repoussée dans les flots, au milieu ce bras de mer romantique du «North Channel», qui joint la mer d’Irlande et l’Atlantique, entre le Mull of Kintyre au sud de l’Ecosse, cher à Paul Mc Cartney, la Chaussée des Géants au nord de l’Irlande, chantée par Pierre Benoist et le Ballantrae de Robert-Louis Stevenson. Des gabelous changés en Sherlock Holmes devront distinguer dans le flux de marchandises qui transitent dans les ports de la région celles qui sont destinées à l’Irlande du Nord et les autres. Exercice quelque peu byzantin. Mais n’est-ce pas le cas de tous les compromis ?

Vu par les Européens, l’accord est très satisfaisant : il reprend l’essentiel des clauses prévues dans le précédent texte ; le déplacement de la frontière, seule modification importante, avait été proposé par l’Union au départ. Avantage supplémentaire : on ne pourra pas dire l’Union européenne bloque le Brexit.

Encore faut-il que l’arrangement soit ratifié de l’autre côté du Channel. C’est une autre paire de manches. Le DUP et les travaillistes annoncent qu’ils voteront contre. Dans ce cas, la division britannique exercera de nouveau ses maléfices. Entre ceux qui se contenteraient d’un «hard Brexit» et ceux qui veulent rester dans l’Union, la majorité négative est inévitable. La position médiane suscite contre elle un cartel des non : il faudra alors se tourner vers le peuple, par le biais d’élections générales ou à l’aide d’un nouveau référendum (sur le texte, cette fois). Johnson peut fort bien les gagner, puisqu’il a atteint son but : être l’homme du Brexit réalisé. Mais il peut aussi les perdre. Quand on croit que c’est fini, ça recommence.

LAURENT JOFFRIN


19/10/2019
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