Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

LES JEUNES ET ES GILETS JAUNES

Il ressort des épisodes précédents de la saga des Gilets Jaunes que les jeunes ne montrent pas d'attirance particulière au point de se mobiliser à leurs côtés pour les réunions hebdomadaires. il en fut de même au moment de l'occupation des ronds-points, comme maintenant sur les quelques points de fixation qui subsistent çà et là.

 

D'ailleurs, je crois que  nous pourrions faire le même constat pour les chomeurs, même si les raisons de leur faible mobilisation doivent être très différentes.

 

Les jeunes d'une vingtaine d'année, et en particulier les étudiants, sont absents ou presque du mouvement des Gilets Jaunes. Sur les ronds-points, comme sur les réseaux sociaux, l'effervescence du mouvement est plutôt du fait des personnes actives plus âgées et des retraités.

 

Néanmoins, malgré leur désertion, ils sont plutôt enclins à soutenir le mouvement, comme de nombreux français qui le soutiennent sans participer, et que les Gilets Jaunes considèrent comme une adhésion forte, feignant de ne pas voir la nuance.

 

Ils ont pourtant un point commun, ces jeunes et les Gilets Jaunes. C'est l'apolitisme, avec à peu près les mêmes motifs de rejet, à une nuance près, peut-être: les jeunes pensent que le vote est un choix personnel et non un devoir civique, ce qui n'est pas le cas des Gilets Jaunes.

 

Il faut noter, néanmoins, qu'ils s'abstiennent de voter plus que la moyenne (environ 10 points d'écart), mais, lorsqu'ils votent, ils privilégient les extrêmes (30% des 18-24 ans pour J.L Mélenchon et 21% pour M. Le Pen aux dernières présidentielles).

 

Ils adhèrent fortement aux opinions populistes. Peut-être est-ce dû à leur intense fréquentation des réseaux sociaux, mais qui témoigne d'une certaine méconnaissance de la politique, et en tous cas, d'un déficit d'éducation et de culture, même s'il faut tempérer ce dernier point car il faut constater une hausse constante des "jeunes élites" dans le rejet de la démocratie et pas seulement les jeunes défavorisés ou moins éduqués. La naïveté de l'âge ne peut pas tout expliquer.

 

Ils font de la politique autrement, c'est-à-dire par leur engagement associatif ou sur des forums sur le numérique. Il est d'ailleurs surprenant qu'ils n'aient pas rejoint un mouvement né sur internet.

 

Plusieurs raisons à ce rendez-vous manqué:

La plupart des jeunes ne travaillent pas encore (29% des 15-24 ans sont en emploi, en France) et pour bon nombre d'entre eux, ils n'ont pas de charges de famille. Ils n'ont donc pas eu à connaître les tracasseries administratives, les charges de taxes et impôts et les contrariétés dues à l'Etat, c'est-à-dire tout ce qui fait le coeur de la contestation des Gilets Jaunes à l'origine.

Ils n'ont pas non plus la même vision ni la même appréhension de la mondialisation. Ils en ont pleine conscience et essaient plutôt de s'y adapter, au contraire des Gilets Jaunes.

 

Je pense que l'individualisme, prôné par le néolibéralisme et la mondialisation consubstantielle, a percolé l'esprit de la jeunesse. C'est peut-être ce qui fait qu'ils ont la culture de l'autonomie, de la débrouillardise, considérant que pour réussir sa vie, il ne faut compter que sur soi-même.

Au passage, cela devrait nous amener à réfléchir sur l'avenir de notre République qui est fondée, notamment, sur la solidarité, la fraternité, comme notre modèle social, c'est-à-dire le contraire de l'individualisme.

 

Cet individualisme se manifeste aussi par la possibilité de quitter le pays. (72% des 18-24 ans en évoquent la possibilité; les 18-19 ans étant 80% à y songer). Donc plutôt que de batailler, ils bouclent leur valise.

Cela témoigne d'une certaine confiance en soi, mais aussi d'une grande défiance à l'égard de nos institutions.

 

Par ailleurs, la société de consommation ne les fait pas rêver. 65% disent pouvoir se passer de voiture. Ils n'ont pas été atteints par la consommation débridée issue des trente glorieuses.

 

25 à 30% des jeunes de 20 ans poursuivent des études de haut niveau. Leur vision de la société, de l'avenir, se situe plutôt dans la fameuse "start up nation".

Les autres sont partagés entre précarité et marginalité et considèrent que "demain sera un autre jour".

 

Par conséquent, les préoccupations des Gilets Jaunes ne sont les leurs.

Les premiers pleurent les 30 glorieuses quand les seconds s'efforcent d'affronter l'avenir.

 

Gérard VIALE.

 

 

 



21/02/2019
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