Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Les « Verts », la croissance et l’économie de marché.

Yannick Jadot, tête de liste d’E.E.L.V s’est attiré la colère des autres écologistes en se déclarant favorable "à la libre entreprise et à l'économie de marché". Ils arguent du fait que l’écologie implique une remise en cause de notre modèle économique actuel qui repose sur la croissance.

 

Je ne suis pas un fin connaisseur de la pensée profonde des « Verts » français, et j’avoue que j’ignorais qu’ils étaient tous adeptes de la décroissance.

Si tel est le cas, nous sommes en droit d’être surpris car, les « Verts », quelle que soit l’étiquette qu’ils avaient à l'époque, ont participé à des gouvernements en recherche de croissance au sein d’une économie de marché et avec des principes de libéralisme plus ou moins prononcés selon les tendances de l’époque.

Je veux bien que la recherche de la convergence ou à minima, d’un compromis, soit toujours souhaitable, même si le France n’excelle pas en la matière, mais là, cela relève du grand écart de convictions.

 

Je pensais même que la fameuse décroissance qui occupait les conversations quelques années en arrière, était tombée en désuétude.

 

Sous réserve d’approfondissement, les « Verts » considèrent donc que la décroissance serait la solution pour sauver la planète ; que cela règlerait les problèmes énergétiques, d’empreinte carbone, de puisage de ressources terrestres.

Je n’y suis pas opposé par principe, mais j’ai un réel besoin d’explications, de modélisations économiques et détaillées.

 

Mettre en place un système basé sur la décroissance entraînerait des transformations tellement profondes que j’imagine mal qu’elles puissent être admises par les populations, car il s’agit plus, en l’occurrence, de simplement manger « bio » : il faut aller bien plus loin.

 

Thomas Piketty avait fait un calcul il y a quelques années: en calculant l'évolution de la population mondiale et la capacité de carbone consommable d'ici à la fin du siècle. A capacité constante, chaque personne peut émettre une empreinte carbone équivalente à celle d'un régime Vegan par an.

En gros, votre crédit carbone est le suivant: vous pouvez manger Vegan toute l'année, mais vous n'avez plus rien, pour vous chauffer, pour vous déplacer. Zéro émission supplémentaire.

En outre, les calculs effectués donnent des revenus de l'ordre de 4000 à 5000 euros par an pour tout le monde jusqu'à la fin du siècle. Soit une division par 4 ou 5 du revenu qu'ont la plupart des français. On se retrouverait avec le seuil de pauvreté français.

 

Si on considère que LA solution est la décroissance, et qu’un tel objectif nous plonge dans un pareil marasme, que de surcroît, il faudrait s’en réjouir car le but serait atteint, je crains qu’il n’y ait que peu de candidats pour l’expérience.

On ne peut pas dire à trois milliards de personnes: "vous allez devoir rester pauvres pour sauver le climat."

 

Je pense qu’il est préférable d’opter pour une « croissance verte », qui, outre les efforts de changements de mode de vie comme de consommation, et bien sûr de modèles économiques, s’appuie sur les progrès techniques qui feront que notre empreinte, qu’elle soit carbone ou sur les ressources planétaires, sera acceptable et nous permettra, tout en vivant réellement autrement, de nous maintenir sur cette Terre, en la respectant et en éprouvant toujours le bonheur d’y vivre.

 

Les changements, pour une croissance verte imposeront une coopération à l’échelle mondiale entre Etats. Exporter du blé français au Brésil, importer des cerises Chiliennes au mois de Décembre, acheter des produits soi-disant « bio » venant d’Espagne, ne sera plus envisageable. Il faudra que les pays aient leur autonomie alimentaire. Au-delà de la technique, ce sont des problèmes politiques qu’il faudra aborder.

 

On a évité le problème de la couche d'ozone, non pas en n'utilisant plus de réfrigérateur, mais parce qu'on a trouvé des technologies nouvelles qui permettent d'éviter ce désagrément. Aujourd'hui il faut trouver des techniques pour remplacer le charbon. Dans ce domaine-là, des tas de directions sont possibles. Cela passe par de l'innovation technologique, en trouvant des substituts.

 

Je ne connais pas le programme de Yannick Jadot, ni sa pensée sur le développement économique, mais je ne crois pas qu’il ait renié sa philosophie écologique s’il envisage une économie verte basée sur la bioéconomie (théorisée, avec la gouvernance mondiale, par Michel Rocard, au Collegium International).

En tous cas, ce sera un bon thème de débat pour la prochaine campagne. Cela nous sortira de l’immigration.

 

Gérard VIALE.

 



06/03/2019
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