Gerard Viale Auteur

Gerard Viale Auteur

Un nouveau traité transatlantique USA-UE ?

Après le renoncement au TAFTA, Etats-Unis et Union Européenne engagent de nouvelles négociations en vue de construire un nouveau traité transatlantique.

Cela fait la seconde fois que l'U.E, par le truchement du Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, cède aux injonctions de Donald Trump.

Maintenant, le même Donald Trump contraint l'U.E de s'asseoir à la table des négociations pour bâtir un nouveau traité.

il y voit le moyen de réduire son déficit commercial abyssal de 736 Mds $ et rééquilibrer les échanges, sachant que le déficit des échanges avec la Chine est de 175 Mds $ et que l'U.E reste le premier partenaire commercial des Etats-Unis pour les biens.

Quant à l'U.E, elle cherche à éviter l'escalade des mesures de rétorsions commerciales entre U.S.A et U.E

Déjà +25% de droits de douanes sur les importations d'acier européen et +10% sur l'aluminium depuis le 08 mars 2018 et sans exception pour l'U.E, à quoi il faut ajouter la perspective manaçante que Donald Trump envisage avec une augmentation de 20% des droits de douanes sur les voitures et pièces détachées de l'U.E.

Il n'en fallait pas plus pour que les Allemands poussent à engager des discussions pour un nouveau traité, leur industrie automobile étant clairement visée par cette mesure.

Mais, cela nécessitait-il de céder à ce qui ressemble à une nouvelle capitulation en rase campagne devant Donald Trump?

Elvire Fabry, Chercheur Senior à l'Institut Jacques Delors, dans son entretien dont le lien y menant est en fin du présent texte, plaide pour une stratégie visant à instaurer un pare-feu.

Puisse-t-elle être entendue par Mercurius! (Dieu du commerce, mais aussi des voleurs!).

Je ne pense pas, malgré tout, que l'U.E se sente en mesure de tenir tête à Donald Trump.

Faut-il rappeler que Jean-Claude Juncker a cédé sans lutter une seconde au diktat de Donald Trump qui a forcé l'U.E à acheter du soja américain alors qu'elle n'en avait absolument pas besoin?

Est-ce le signal qu'enverrait une grande puissance? Je ne le pense pas.

Pourtant, l'U.E est encore une grande puissance.

Elle a été la première puissance économique du monde entre 2005 et 2014 et représentait à cette dernière date 23,64% du PIB mondial alors que les USA n'en représentaient que 22,37%.

Depuis 2015, elle occupe le second rang derrière les USA avec 22% du PIB mondial.

L'U.E, avec seulement 7% de lapopulation du globe, a longtemps été la première puissance commerciale devant la Chine et les Etats-Unis.

Après la crise de 2008, l'Union est passée derrière la Chine et les Etats-Unis, si on exclut le commerce intracommunautaire. A ce jour, elle a récupéré sa première place.

Il n'en reste pas moins vrai, qu'avec 517 millions d'habitants (2017), l'U.E est une puissance économique indiscutable. Elle est la première exportatrice de biens et de services et sa balance commerciale est positive, contrairement à celle de son partenaire américain.

Néanmoins, malgré ce poids économique considérable, elle joue un rôle négligeable sur la scène internationale. Elle est caricaturée comme un géant économique mais un nain politique.

En effet, l'U.E ne parvient pas à transformer sa force économique en influence diplomatique.

Elle n'a pas de politique étrangère européenne, chaque Etat-Membre conservant sa souveraineté dans sa diplomatie.

Cette dichotomie entre poids économique et poids politique international s'explique par le rapport complexe qu'elle entretient avec la notion même de puissance.

Cela tient, à mon sens, au fait que l'U.E n'est pas un Etat. Même si sa structure actuelle comporte quelques éléments de fédéralisme, elle n'est pas une réelle fédération et ne fonctionne pas comme un état. Elle a une politique budgétaire mais pas de politique économique commune, pas de politique étrangère commune, pas d'harmonisation fiscale ni sociale, et les états-membres sont plus ou moins intégrés, chacun voulant conserver le plus de souveraineté possible, d'autres, plutôt europhobes, n'étant intéressés que par les subventions européennes pour le financement de leur développement.

Quant aux pays fondateurs, ils ont créé l'Europe avec, en tête, un projet et des objectifs différents:

  • En 1950, la France propose la création de la Communauté Européenne du charbon et de l'acier. Elle le fait pour la paix et la réconciliation franco-allemande, mais aussi avec une arrière-pensée de puissance. Pour elle, l'Europe unie est le moyen de retrouver sa position perdue du fait des deux guerres  mondiales et notamment la dernière. La France voulait le leadership d'une Europe pouvant peser dans le monde.
  • Pour la RFA (Allemagne de l'ouest de l'époque), construire l'Europe lui permettait de se réhabiliter, mais c'est aussi un garde-fou contre des velléités éventuelles de puissance et contre ses propres démons. Elle a donc une méfiance à l'égard de la puissance, souvent cause d'affrontements entre les nations.
  • Les pays du BENELUX partagent le sentiment de la RFA et préfère largement la tutelle américaine, lointaine et peu menaçante.

La France est donc isolée dans sa pensée de la Comunauté Européenne selon laquelle l'Europe représente un vecteur de concurrence face à la superpuissance américaine.

Ces ambiguïtés et ces différences d'appréhension de l'Europe expliquent en grande partie l'échec de l'Europe politique. Puis, l'intégration trop rapide des anciens pays de l'Est, pour quelques-uns, Europhobes, et pour tous en piteux état économique n'a pas ajouté à la cohésion ni à la solidarité de l'Union et encore moins à sa philosophie.

Bien sûr, la situation économique et géopolitique a changé mais les différences de l'origine ont pesé et pèsent encore dans les esprits, et l'U.E n'est pas en capacité de peser sur la diplomatie mondiale.

Pourtant, elle a une opportunité de faire entendre sa voix dans le monde à travers son approche multilatérale et sa volonté de faire respecter le Droit International.

Les bouleversements géopolitiques et militaires (OTAN) apportés par D. Trump vont peut-être forcer l'U.E à prendre un nouveau tournant qui lui fera voir la puissance sous un autre regard, mais il faudra, pour ce faire, changer les institutions européennes avec plus de démocatie et plus d'intégration, quitte à construire une réelle fédération à un nombre réduit qui instaurerait des relations privilégiées avec les autres membres qui seraient dans une confédération.

Gérard Viale.

 

Lien menant à l'entretien d'Elvire Fabry: 

https://www.institutmontaigne.org/blog/un-nouveau-traite-transatlantique-avec-les-etats-unis

 



26/04/2019
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